Confession d’une Ex-Accro au Shopping
En ce sacro-saint premier jour des soldes, on vous partage l’histoire d’une ex-accro au shopping. Dis ainsi, ça sonne un peu comme quelque chose de maladif : un truc aussi compulsif que l’alcoolisme, mais en plus mignon. Mais pourtant, cette jeune femme est tout ce qu’il y a de plus normale. Et c’est peut-être ça qui ne l’est pas ? Moi, j’aimais le shopping. Elle fait du shopping depuis qu’elle a appris à admirer sa tenue devant un miroir. Choisir sa tenue avant d’aller à l’école a toujours été aussi important pour elle que faire ses devoirs (et c’est une élève studieuse qui le dit.).
Tout en féminité...
Pour elle, s’habiller est un art, une manière d’exprimer sa créativité. Elle n’ira pas jusqu’à classer le maquillage et la mode au même niveau que la littérature et la peinture, mais ça reste un moyen d’exprimer sa créativité. Mona Chollet les classe d’ailleurs dans la culture féminine. Dans son essai Beauté Fatale, elle explique que la culture féminine est ce souci du petit détails. Cela passe par le fétichisme des accessoires et une sensibilité aux sensations et à l’esthétique.
Autrement dit, aux femmes le corps et les émotions, et aux hommes l’esprit et la raison. Cette répartition, est-elle naturelle ou créée par la société ? Ce n’est pas la question ici, surtout que le monde des sensations vaut bien celui de la raison. Ils se complètent et sont présents à la fois chez les hommes et les femmes.
Le prix à payer
Cependant, on vit dans une société patriarcale alors la culture féminine est dévalorisée, reléguée au rang de divertissement. Les femmes sont donc contraintes comme les hommes d’atténuer leur sensibilité et leur gout de l’esthétique pour être prises au sérieux, en particulier dans le monde du travail.
On vit aussi dans une société consumériste qui exacerbe notre goût pour le shopping. Est-ce un heureux hasard si la libération de la femme occidentale coïncide avec l’explosion du consumérisme ? Nous interroge Mona. Consommer ! Consommer ! Cette injonction est martelée partout. Il suffit d’ouvrir Instagram pour avoir envie d’aller à la plage, d’acheter un maillot une pièce dorée et un fauteuil en velours bordeaux. Regarder une série ou un film peut donner envie d’être une femme ambitieuse et d’avoir des bagues à tous ses doigts. Un panneau publicitaire aperçu dans le métro et une soudaine envie d’un sac en imprimé python débarque. Alors forcément, notre ex-accro au shopping ne pouvait pas résister. Pire, inconsciemment, elle avait le sentiment que toutes ces babioles avaient le pouvoir de la rendre plus heureuse. Ne lui demandez pas pourquoi, c’est plutôt aux publicistes qu’il faut demander. Ce sont eux qui trouvent l’accroche et l’image qui fait un lien entre un désir (amour, succès, beauté…) et un produit. Alors forcément… Une nuit d’insomnie ? Elle faisait du shopping en ligne sur Urban ou Topshop. Son salaire est enfin arrivée ? Direction Zara et H&M. Déjà à découvert ? Il fallait qu’elle se console en s’achetant des boucles d’oreilles à Brandy&Melville. Les soldes ? Il ne fallait surtout pas rater les bonnes affaires… Surtout qu’en plus, on a désormais des « soldes » toute l’année et à chaque occasion : Black Friday, Noël, Saint-Valentin, Fête des Mères… Toutes les excuses sont bonnes pour acheter. Mais au final, s’il y a des promotions tous les mois, ça revient plus chers, non ?
Fini le shopping
Et puis l’air de rien, le produit ne tenait pas vraiment ses promesses. Les premières secondes peut-être, puis il rejoignait la pile des autres affaires. Aucun parfum ne rend la vie plus belle. Aucune paire de baskets ne transforme en grand sportif. Pas parce qu’ils sont de mauvaises qualités ou parce que la cliente est trop exigeante, mais parce qu’il s’agit d’un simple parfum et d’une simple paire de basket. Ils ne pouvaient pas répondre à mes besoins émotionnelle. Bien évidemment à l’époque, l’ex-accro au shopping n’en avait pas conscience.
Si elle a mis un stop à son consumérisme actif, ce n’est pas par choix initialement. La vie estudiantine étant passé par là, une grosse restriction budgétaire s’est imposée. Au début, elle s’est sentie en manque. L’envie de bondir leur sacs, lorsque ses amies lui présentaient leurs nouveaux achats. Des monologues intérieurs devant chaque article rencontré pour ne pas finir en caisse avec. Et puis, peu à peu, elle s’est rendue compte qu’il ne lui manquait rien. Elle avait son toit sur la tête, de quoi s’habiller bien, de manger tous les jours et des moyens de se faire plaisir autrement ! Bien sûr, elle ne s’est pas transformée en ascète, mais elle n’achetait que ce dont elle avait vraiment besoin ou envie. Ses achats se sont réduits de manière drastique, sans le moindre pincement au cœur. Au contraire, elle est passée en mode Marie Kondo. En jetant, elle s’est rendue compte du décalage entre ce qu’elle avait ressenti au moment de l’achat et ce qu’elle ressentait à présent. En ayant appris à vivre avec peu, elle réalisait à quel point elle avait gaspillé son argent et son énergie…
Tout ça pour dire qu’être accro shopping n’est pas anodin, mais que ça se soigne.